Terence Fisher

Le retour de Frankenstein

1844

Réalisé par Terence Fisher (1969). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette affiche anonyme au grand format américain 6-sheet, est très intéressante par la complexité et la force de l’ambiance qu’elle dégage.

Tout d’abord le format natif de l’affiche, 2 mètres sur 2 mètres, en impose et permet d’entourer le centre de la composition par une large marge périphérique blanche. Dans cette frange en haut à droite, se dégage en lettres majuscules  noires le nom du fameux baron Frankenstein, premier mot du titre.

La partie centrale se détache par un fond noir profond qui permet de jouer sur un contraste puissant avec le contour de l’affiche. Les éléments qui s’installent sur cette obscurité oppressante, nécessitent une lecture attentive pour comprendre la clé du message qui n’apparait pas immédiatement. En effet, dans la plupart des visuels d’affiches de la Hammer dans la série des Frankenstein, le personnage mis en avant est la créature que le baron créé (voir Frankenstein s’est échappé, l’empreinte de Frankenstein, Frankenstein créa la femme ou encore les horreurs de Frankenstein) alors qu’ici, il est choisi de présenter le vrai monstre de l’histoire c’est à dire Frankenstein lui-même. Son visage est subtilement divisé en trois parties dont celle centrale est le reflet d’un écorché sur une large scie au manche de bois. Au dessus le crâne disparait pour laisser apparaître les circonvolutions du cerveau du savant, siège de sa folie. Enfin le bas du visage est réel éclairé par la même lumière verdâtre qui illumine le cerveau, la victime à droite accoudée au dos de la scie et à la main qui tient une seringue avec une chevalière aristocratique au petit doigt.

La fin du titre Must be destroyed est peinte en gras avec la couleur verte comme la phrase d’accroche qui confirme le choix de représentation du baron dans ce visuel : The good Dr. frankenstein more monstruous than the monsters he created!

Peter Cushing, Veronica Carlson, Freddie Jones, Simon Ward, Thorley Walters et Maxine Audley partagent les honneurs sur la ligne dans la marge du bas réservée à la distribution des acteurs.

Le serment de Robin des Bois

1892

Réalisé par Terence Fisher (1960). Toutes les informations sur ce film sur imdb

La fièvre moyenâgeuse de l’épopée mythique de Robin des Bois s’empare de la Hammer, au travers de cette affichette non signée.

Le shérif de Nottingham sous les traits de Peter Cushing n’a qu’à bien se tenir. Robin des Bois, campé par Richard Greene, va faire tout ce qui est en son pouvoir pour contrecarrer ses plans et conquérir le cœur de la ravissante Marian, jouée par Sarah Branch.

La composition de l’affichette est un montage photos précisément incorporé sur un fond rouge vif uni. Robin des Bois à droite brandit fièrement son épée de justice et est entouré d’un fin liseré noir, peint de façon irrégulière pour donner un effet de profondeur et de mouvement brute à la scène. On retrouve ce même entourage noir dans le titre incrusté au centre de la composition, qui joue la carte du contraste traditionnel en arborant une police de caractères blanche.

Le montage des photos de scènes du film en arrière plan, est savamment inclus dans un motif que l’on peut imaginer être une ferrure d’ancienne porte, constitué de deux parties horizontales travaillées et symétriques verticalement. On y représente des scènes du film qui annoncent le rythme rempli d’action et d’intrigues médiévales du scénario du film, dans la lignée des grandes productions hollywoodiennes sur le même thème des années 1930s. Terence Fisher pour la firme anglaise, suit les codes inhérents à ce genre si populaire et n’oublie donc pas le port du collant so sexy de circonstance pour son casting masculin dont Oliver Reed, Nigel Green, Jack Gwillim et Derren Nesbitt se souviendront longtemps 😉

Les maîtresses de Dracula

J1284

Réalisé par Terence Fisher (1960). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Quelle galerie de portraits extraordinaire qui scelle l’excellente distribution de ce film dans cette affiche belge particulièrement gracieuse et diabolique !

Bien que cette affiche soit non signée, comme cela était traditionnellement dans ce pays à cette époque, la composition de l’affichiste se révèle particulièrement riche et efficace par rapport aux objectifs promotionnels de l’objet. La thématique de la farandole des personnages est traitée dans l’esprit des visuels utilisés par d’autres pays comme l’affiche ou bien encore l’affichette françaises.

La finesse des détails ciselés dans le dessin en particulier au niveau des visages, apporte une ambiance singulière et inquiétante, mêlée de fascination et peur. Les différents regards sont très expressifs et individualisent de manière réaliste les attitudes des personnages. On peut noter deux expressions habilement évoquées qui se détachent de la composition :

  • celle de David Peel à gauche qui ne regarde pas le spectateur, mais semble fixer vers le bas un cou féminin dénudé qui va connaître dans peu de temps, il va s’en dire, la morsure des canines ensanglantées du vampire
  • celle de Peter Cushing en haut à droite qui de son regard perçant interroge le lointain sur un espoir face au terrible fléau auquel il est confronté

A l’arrière plan, le point de fuite est matérialisé par l’antre du monstre, le château maléfique dont le chemin est parsemé de créatures aussi attirantes que maléfiques et qui est survolé par les chauves-souris emblématiques du genre. Parmi ces beautés, on peut citer les actrices charnelles Yvonne Monlaur, Andrée Melly et Marie Devereux, Greta (Freda Jackson) et la baronne Meinster (Martita Hunt) accompagnées des acteurs familiers des productions Hammer : Miles Malleson et Michael Ripper.

Le chien des Baskerville

J1399

Réalisé par Terence Fisher (1959). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Il fallait une affiche aussi terrifiante que fascinante pour ce classique Chien des Baskerville de la Hammer : le visuel belge l’a fait !

  Le choix très judicieux de l’affichiste, qui n’a hélas pas signé son œuvre comme souvent pour les affiches belges, est de construire sa composition autour d’un effet miroir entre deux personnages primordiaux du film que sont le chien de l’enfer et la jeune paysanne. Cette figure de style permet de montrer le monstre, clef de l’intrigue comme souvent dans les visuels des autres pays comme l’affichette française, mais aussi de lui confronter en miroir inversé, le personnage énigmatique de la jeune fille par qui le scandale arrive. Cette opposition tout en contrastes de beauté, terreur et violence, pétrification, interroge le spectateur sur la dualité de la belle et la bête qui s’exprime dans ce dessin et dans l’intrigue du film.

Les éléments représentés suivent une colonne centrale constituée :

  • d’un pilastre fait des deux portraits en parfait alignement inversé, en particulier sur les yeux de la bête dont sortent des rayons lumineux menaçants et la gueule du chien de la malédiction, qui dégouline de rage vers le visage apeuré de la jeune femme, dont la bouche est figée par la terreur sans pouvoir crier et dont les yeux sont pétrifiés d’effroi
  • d’un chapiteau supérieur qui tel un bas relief, fige les ruines de l’abbaye, l’ombre humaine inquiétante en cape noire qui se détache sur le sommet de la colline et la paysanne qui court à travers la lande
  • d’une base sombre de marécages d’où s’élève Sherlock Holmes en train de frapper un deuxième homme qui se débat à ses jambes

De chaque côté de cette partie centrale, se trouve l’eau stagnante des bourbiers de la lande, peints d’une couleur verte aquarelle qui caractérise à merveille l’ambiance froide et humide de ce milieu inhospitalier et morbide. Cette couleur verte est alors tout naturellement utilisée exclusivement dans l’intégralité de l’affiche, ne laissant que le noir et le blanc pour dessiner les traits et définir les surfaces.

La typographie du titre utilise aussi la même couleur dominante en appuyant les deux mots clefs par un effet gras de lettrage. Le bandeau en flamand du bas est écrit en noir comme les acteurs du casting Peter Cushing, Andre Morell, Christopher Lee et Maria Landi, auquel on peut ajouter : David Oxley et Miles Malleson.