Des Soucoupes Volantes à la Mutante ! Marguerite Duras 2012

Exposition « Des Soucoupes Volantes à la Mutante » à la médiathèque Marguerite Duras du 23 octobre au 4 novembre 2012
Exposition en ligne

Embarquez-vous pour un voyage de 40 années « lumières » à bord d’un vaisseau couvert d’affiches de cinéma illustrées par des commandants talentueux nommés Kerfyser, Noël, Grinsson, Tealdi et Landi, sur le thème des « Extra-Terrestres ».

Durant ce périple, vous croiserez sous diverses formes, quelques représentants de cette communauté de notre imagination, qui nous rendent visite pour notre plus grand plaisir en plein air sous un ciel étoilé ou sous les traits humanoïdes d’étoiles scintillantes projetées dans une salle obscure.

LES SOUCOUPES VOLANTES ATTAQUENT, Kerfyser, 1956.

Débutons ce voyage par l’affiche Les Soucoupes Volantes attaquent de 1956, où sous le pinceau de Kerfyser, de belliqueux et conquérants extraterrestres arrivent sur Terre à bord de leurs engins spatiaux. Lancés depuis les aéronefs virevoltants dans un halot rouge, d’incandescents rayons dévastateurs à dominante jaune déchirent la nuit, comme l’enfer s’abat sur Terre. Les aliens, peuple des abimes galactiques sombres et froids, terrorisent la population terrestre par leur pouvoir de destruction et leur allure de robot humanoïde sanguinaire.

SUPERMAN CONTRE L’INVASION DES MARTIENS, Guy Gérard Noël, 1967.

On retrouve le symbole des vaisseaux spatiaux sous la forme de soucoupes dans l’affiche Superman contre l’invasion des martiens de 1967. L’affichiste Guy Gérard Noël représente les soucoupes volantes de manière plus détaillée en prenant soin, par exemple, de représenter le poste de pilotage. Au second plan, les envahisseurs à la silhouette humanoïde sombre, se fraient un chemin parmi les décombres vers leur adversaire, Superman. A dominante verte, le couple formé par le héros et le personnage féminin incarne le camp des « défenseurs de la Terre », par opposition aux envahisseurs situés en arrière plan sur fond rouge. Ce film mexicain dont le titre original est Santo, el Enmascarado de Plata vs. la invasión de los marcianos, a été retitré en France Superman contre l’invasion des martiens pour des raisons commerciales. L’acteur principal, un ancien champion de catch nommé Santo devenu un (super-) héros national au Mexique, était en effet méconnu ici.

L’INVASION DES SOUCOUPES VOLANTES, Landi et Tealdi, 1977.

La soucoupe volante, dessinée en 1977 par le duo Landi et Tealdi, est beaucoup plus précise. Elle présente maintenant à sa surface une couleur violacée aux reflets métalliques. Les extraterrestres de L’Invasion des Soucoupes Volantes ont toujours une forme humanoïde et sont représentés en contre-jour pour accentuer l’ambiance mystérieuse et angoissante. Le premier plan met en scène le visage très crispé, aux couleurs vertes et bleues, de Robert Vaughn, présage d’un dur combat entre les humains et les envahisseurs. Le dernier plan fourni le décor urbain de la confrontation et annonce par l’explosion colorée d’un immeuble, les intentions belliqueuses de ces visiteurs non invités.

LES MONSTRES DE L’ESPACE, Boris Grinsson, 1967.

L’affiche Les Monstres de l’espace signée par Boris Grinsson en 1967, donne certaines clefs de l’intrigue du film par sa composition en trois plans. Dans le fond, l’extraterrestre ne revêt plus la forme humaine, mais arbore ce que l’on devine être un visage immense et monstrueux de couleur prune. Ses yeux globuleux verts et jaunes lancent sur l’ensemble de la ville au second plan, des radiations destructrices. La puissance de ces ondes provoque, à la manière d’un tremblement de terre, la dislocation des immeubles et la fuite effrénée de ses habitants. Enfin au premier plan, sont représentés, en couleurs, un homme et une femme qui contrairement aux silhouettes grises des fuyards, symbolisent la résistance humaine acharnée face à cette menace mortelle venue de l’espace.

LA PLANÈTE DES VAMPIRES, Non signée, 1965.

L’affiche allemande de La Planète des Vampires de 1965, met en scène la confrontation entre humains et extraterrestres qui se déroule sur une autre planète que la Terre. Cette scène de bataille, illustrée dans le style des bandes dessinées de science-fiction, représente des humains qui tirent à l’aide d’armes futuristes sur des monstres squelettiques, à la forme vaguement humanoïde. La présence de la fusée spatiale dans ce paysage lunaire, nous amène intuitivement à penser que les aliens défendent leur territoire contre l’invasion des explorateurs humains. La planète rouge, qui définit habilement le fond du titre, est la seule justification directe, par la symbolique de couleur sang, de la présence au générique du terme « vampires ».

DUNWICH HORROR, non signée, 1970.

Le film Dunwich Horror de 1970 est basé sur l’univers de l’écrivain Howard Phillips Lovecraft. L’affiche illustre des monstres tentaculaires qui sortent de la chevelure d’un démon et attaquent une jeune femme qui va devenir la victime d’un rite innommable. La composition de l’affiche, très seventies, utilise un cadre rouge vif caractéristique de l’époque, qui défini un écran blanc central où se déroule la scène principale. L’effet visuel de sortie de la victime de ce cadre vers l’avant en tendant la main, ajoute de la profondeur de champ et du mouvement à la composition générale. Il permet d’interpeller le passant pour « lui demander son aide » et de le mettre face à l’horreur de la scène. Le dessin au crayon noir à la manière d’illustrations anciennes présentes dans de vieux grimoires, insuffle une ambiance horrifique fantastique propre à l’imaginaire développé par l’écrivain maudit.

THE THING, non signée, 1982.

L’affiche du film The Thing de John Carpenter (1982) possède la particularité de ne représenter qu’une partie indescriptible de l’extraterrestre. En effet, un morceau indéfini de « la Chose » se détache dans un ciel nocturne nimbé d’une faible lueur rouge sang. Cette menace plane au dessus d’un groupe d’humains en marche sur un sol enneigé. La taille du monstre est écrasante par rapport aux minuscules silhouettes des terriens. Cette disproportion symbolise la puissance surdimensionnée de l’envahisseur qui induit une vulnérabilité extrême des humains face à ce fléau. Cette composition ne montre rien de l’affrontement inégal qui va survenir, mais suggère que le danger venant de l’espace est tapi dans l’ombre et attend son heure.

STAR WARS, John Berkey, 1977.

La représentation traditionnelle des vaisseaux spatiaux sous la forme de soucoupes volantes épurées et rudimentaires, passe le mur du son en 1977 grâce à la saga intergalactique Star Wars de George Lucas. Cette affiche américaine, signée par l’illustrateur John Berkey, fut distribuée avec le vinyle de la bande originale du film. Ce visuel de bataille spatiale impressionne par le grand nombre de vaisseaux de chasse (dont deux Faucons Millenium !) qui tirent tous azimuts. Le combat est intense et la taille de ces vaisseaux est dérisoire par rapport à la dimension planétaire de l’arme absolue impériale : l’Étoile de la mort. L’imaginaire développé dans ce grand classique du film de science-fiction, pionnier du genre space opera, modifiera en profondeur la vision d’une grande partie des terriens sur l’Univers qui les entoure.

ABYSS, Zoran, 1989.

Une représentation différente de l’idée de voyage à la rencontre des extraterrestres est illustrée par l’affiche signée Zoran du film Abyss (1989). En effet, le milieu représenté n’est plus la surface terrestre, mais les profondeurs marines. Les extraterrestres sont cachés dans les entrailles des océans pour se protéger et rester inaccessibles aux humains. Cette affiche symbolise le lieu de rencontre, par une lumière scintillante, et le chemin sombre pour y parvenir, par un défilé rocheux. Le défi n’est plus d’affronter une menace extérieure aux pouvoirs extraordinaires, mais d’effectuer une introspection plus vertigineuse encore, un voyage au sein de la nature humaine.

LA MUTANTE, Non signée, 1995.

L’affiche du film La Mutante de 1995, conjugue désir et menace extraterrestre. Sur un arrière plan parfaitement noir, les quatre visages aux couleurs verdâtres des acteurs masculins font face avec effroi à un extraterrestre. Ce dernier, tel un satyre, se présente avec le haut du corps humain et le bas du corps radicalement non terrestre. L’attrait du déguisement est d’autant plus amplifié, que l’apparence humaine est celle d’une très jolie femme au charme et au pouvoir sexuel évidents. On devine tout de suite qu’elle va attirer dans son piège de nombreuses victimes masculines, dupées par la perfide intelligence de cette mutante prédatrice.