Films d'épouvante des années 60s

Histoires extraordinaires

1920

Réalisé par Federico Fellini, Louis Malle et Roger Vadim (1968). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche du film Histoires extraordinaires, magnifique et haute en couleurs, est signée par Allard dans son style propre si reconnaissable.

Cette affiche se construit autour du titre du film et de la référence à Edgar Allan Poe, inclus dans un cartouche central aux contours évanescents de style art nouveau.

Sur une colonne centrale sur fond clair, la distribution des acteurs, les réalisateurs puis les autres mentions cinématographiques, induisent une limite imaginaire entre les personnages joués par Brigitte Bardot, Alain Delon et Terence Stamp représentés sur la gauche et celui interprété par Jane Fonda isolé dans la partie droite.

L’arrière plan de l’affiche très coloré et peint en matière brute, est torturé et agressif par l’utilisation bien à propos de rouges vifs, de jaunes or ainsi que de bleus profonds qui donnent une impression visuelle forte. La richesse des toilettes de ces dames ainsi que la beauté des acteurs, apportent une esthétique tout à fait remarquable à cette représentation intrigante et pleine d’attraits qui invite le spectateur à pousser les portes du cinéma.

Françoise Prevost, James Robertson Justice, Peter Fonda, Carla Marlier, Philippe Lemaire et Serge Marquand sont aussi crédités sur cette affiche, tout aussi extraordinaire que les histoires qui y seront contées.

Le vampire et le sang des vierges

1894

Réalisé par Harald Reinl (1967). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette affichette, qui respire la quiétude d’un lieu chaleureux, rempli de personnages sympathiques dans une ambiance qui mêle recueillement méditatif et sentiments courtois, est signée par l’affichiste bien inspiré Savkoff.

Ce montage photos habile, dépeint les us et coutumes locales d’un modeste donjon tenu par un vampire animé des meilleures attentions vis à vis de son prochain, et en particulier vis à vis de sa prochaine, pourvu qu’elle soit jeune, belle et sexuellement inexpérimentée voir novice… On notera l’extrême délicatesse avec laquelle les dites demoiselles invitées sont installées sur des mobiliers des plus confortables et gracieux, qui font oublier la pauvreté et la froideur de la décoration des murs de la pièce.

Il y a bien par-ci par-là des accessoires affriolants, comme une chaine métallique qui pend gentiment au-dessus d’une table de repas en bois ou bien encore un masque rigolard apporté par un majordome serviable et endimanché, mais la thématique de la soirée reste simple et bon enfant, grâce notamment à l’utilisation de cordes nouées autour de frêles poignets délicats et de lanières en cuir qui entravent avec respect et goût, les mouvements délicieux et aériens de ces hôtes de marque réunis dans cette salle de réjouissance.

L’emploi du rouge sur certaines parties choisies des photos et dans les caractères qui forment le titre, indique bien aux spectateurs, enclins à classer au premier regard cette invitation mondaine et galante dans les soirées huppées proposées par le châtelain, qu’il faut un certain penchant pour les histoires de canines longues et acérées assoiffées de globules rouges et de plasma, pour répondre positivement à cette sollicitation – et avoir plus de 13 ans, il en va de la bienséance 😉

Laissons maintenant les acteurs de cette soirée que l’on souhaite réussie, Christopher Lee (écrit Christofer Lee), Lex Baxter, Karin Dor et Carl Lange, œuvrer avec les meilleures manières à l’excellence des réceptions de l’ambassadeur des bonnes manières.

Le crâne maléfique

1485

Réalisé par Freddie Francis (1965). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche de ce film, intitulé dans un premier temps Les forfaits du marquis de Sade, puis renommé Le crâne maléfique, est signée par le maître Roger Soubie.

La mise en scène du visuel est simple et terriblement efficace. Tout d’abord, le portrait de la star, Peter Cushing, est superbement exécuté et on lit dans son regard toute la gravité de l’histoire et la peur qu’elle va très certainement nous procurer. La main qui tient un pistolet sur la gauche dirigé vers sa tête n’est pas là pour diminuer la tension palpable ni pour dédramatiser la scène. Enfin l’apparition du crâne, magnifiquement dessiné en arrière plan, apporte la touche finale à l’ambiance horrifique de l’affiche et par voie de conséquence, du film.

L’équilibre chromatique de l’affiche est porté par l’omniprésence de la couleur bleue qui tapisse aussi bien le fond irréel inquiétant, que la surface métallique du pistolet ainsi que les yeux de Peter Cushing. On retrouve un bleu plus clair pour l’écriture des acteurs principaux comme Patrick Wymark et le partenaire inoubliable de M. Cushing dans les meilleurs films de la Hammer, qui n’est autre que Christopher Lee. On peut citer également Jill Bennett, Michael Gough, Nigel Green, Patrick Magee et Peter Woodthorpe qui complètent le casting du film, dont l’affiche porte par ce bandeau collé sur l’ancien titre, les stigmates d’un renommage après la première impression, de cette production anglaise Amicus.

L’affichette ci-dessous pour le même film, est un montage photos non signée, dans laquelle on retrouve le visage horrifié de Peter Cushing, le fameux crâne toujours aussi flegmatique et le bandeau qui masque l’ancien titre.

1832

6 Femmes pour l’assassin

J1214

Réalisé par Mario Bava (1964). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche française de 6 femmes pour l’assassin est un chef d’œuvre de représentation imagée du genre horrifique dans les griffes du maître Constantin Belinsky.

Le premier élément immersif dans cette ambiance maléfique, est la couleur noire. Elle enveloppe de ses ténèbres, l’arrière plan composé de la pénombre du ciel et au premier plan, par les fourrés plongés dans la nuit. Ceux-ci servent de fond pour l’écriture du titre et cachent bien timidement, comme par pudeur, la moitié supérieure du corps de la femme en robe rouge. Les superbes jambes de cette jeune victime supposée – car être trainée sur le dos en pleine nuit par les chevilles sur un gazon en plein air, ne devait pas faire partie du programme de la soirée du personnage, bien que tous les goûts soient dans la nature bien sûr 😉 – sont entravées par la main gantée de noire du tueur – tueur supposé encore grâce à son attitude générale qui n’inspire par la bienveillance au premier abord, peut-être un délit de sale gueule mais bon à chacun ses hobbies ! – qui focalise l’attention du spectateur.

Cet assassin est habillé du même noir que la nuit qui l’enveloppe comme si lui-même en faisait partie, et une lumière faible bleutée, dessine les contours de sa silhouette maléfique. La scène est plongée dans cette ambiance esthétique froide, baignée par la lumière blafarde de l’astre lunaire au double rôle de témoin et de révélateur aux premières loges. Deux détails dans le signalement du meurtrier, attirent l’attention du spectateur médusé, son visage est masqué par une cagoule blanche et surmonté d’un chapeau étroit, et sa main droite est pourvue d’un accessoire de mort terrifiant, composé de trois griffes menaçantes qui luisent dans un halo blanc comme pour mieux signifier la cruauté de l’arme du crime.

Les deux typographies du titre achèvent de donner aux visiteurs l’envie ou la répulsion curieuse, d’aller découvrir cette histoire mystérieuse et horrifique servie par Eva Bartok, Cameron Mitchell, Thomas Reiner, Claude Dantes et Dante Di Paolo.

Chut, chut, chère Charlotte

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Réalisé par Robert Aldrich (1964). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’ambiance ténébreuse et électrique de cette affiche plonge le spectateur au cœur de ce thriller mystérieux et sombre.

Cette composition signée par Boris Grinsson, met en scène l’apparition d’une jeune femme en robe de soirée face à un homme qui nous tourne le dos. Les deux personnages sont en contre-jour, positionnés au centre de l’affiche et se détachent sur un fond rouge sang irrégulier sur les bords, qui se termine en gouttelettes étirées.

Les visages des deux stars féminines Bette Davis et Olivia de Havilland surplombent la scène et suscitent une curiosité inquiétante au croisement notamment du regard troublant de Mme Davis. Derrière elles, se déchainent les éléments naturels dans un ciel où les nuages noirs comme la nuit, défient les nuages blancs déchirés par des éclairs ,et annoncent une période de troubles.

Le dernier élément anxiogène est la main flottante à droite qui semble lancer la foudre telle une malédiction, à l’encontre des héroïnes.

La distribution de ce film qui compte Joseph Cotten, Agnes Moorehead, Cecil Kellaway, William Campbell, Victor Buono et Mary Astor, fait apparaître aussi une faute de frappe pour l’anecdote dans la recopie du même nom Henry Farrell comme scénariste et d’après une histoire de, avec un seul « r » dans la première apparition.

Matango

J1308

Réalisé par Ishirô Honda (1963). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette affiche italienne au format locandina signée par Casaro, est exceptionnelle par bien des aspects et se distingue par l’accord parfait entre l’ambiance végétale du dessin et les traces d’humidité et de moisissure d’origine de l’objet, laissées délibérément en l’état infecter les parties blanches.

Matango écrit en rouge vif est sous-titré Il mostro qui, même sans grande notion d’italien, caractérise certainement la beauté et la tendresse du personnage principal, fort banal de l’histoire. Son corps à l’allure humanoïde est recouvert d’une peau de champignons aux couleurs sombres indéfinies et est coiffé d’une tête en forme de cèpe géant verdâtre peu appétissant en l’état.

Il tient dans ses bras, terminées par des mains à au moins quatre doigts visibles, une délicieuse victime humaine à la plastique beaucoup plus travaillée qu’un champs de mousserons. La belle blonde est affublée d’une magnifique robe rouge, tenez encore du rouge !, qui devait être fort saillante avant qu’elle subisse des traitements si indélicats que son aspect ne puisse maintenant plus que couvrir les parties les plus réduites de sa peau frissonnante. Sa position corporelle dans les griffes, ou lamelles en l’occurrence, de la bête mycologique nous suggère en même temps son désir de s’enfuir pour échapper à un triste sort assuré, et l’attitude cinématographique classique lascive de l’héroïne sexy qui va attirer les foules masculines vers ce film de genre. On peut ainsi rapprocher ce visuel d’autres dans le même esprit comme Schlock, Dans les griffes de la momie ou Dunwich horror, mais aussi Les monstres de la mer et Dracula 73.

Il faut bien dire que l’environnement végétal qui entoure ce couple improbable vire au fantastique en particulier avec le bas évanescent du dessin et n’augure par son obscurité, rien de positif pour l’avenir de la jeune demoiselle. Il faut souhaiter bonne chasse dans les bois à Hiroschi Koizumi, Kumi Mizuno, Akira Kubo et Kei Satik.

La maison du diable

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Réalisé par Robert Wise (1963). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Le frisson ne peut que saisir jusqu’au plus profond de son être le spectateur dont le regard innocent se pose sur cette affiche extraordinaire, signée par le maître Roger Soubie.

En effet, l’œil du visiteur est en premier attiré par le visage pure et effrayé de la jeune femme au premier plan, qui fixe avec insistance le danger qui la guette. De la posture de sa tête jusqu’aux détails du dessin de ses yeux et de sa bouche, tous les éléments concourent à traduire la terreur qui paralyse ce personnage et donnent le ton de ce film célèbre réalisé par l’immense Robert Wise.

L’horreur redoutée par la belle, et qui capte toute son attention s’insère judicieusement dans la composition de cette affiche à l’autre bout de son regard. Une main de squelette semble descendre du ciel et pointe l’index de façon menaçante vers sa future victime, en proie désormais à la folie.

Le troisième élément qui capte enfin l’attention, est le décor majestueusement froid et torturé en arrière plan. La demeure, personnage principal du film, est représentée tel un château gothique fait de tours élancées effrayantes et froides, et se dresse au milieu d’une forêt d’arbres décharnés dont les branches frêles et maladives, donnent l’illusion d’une marée informe de mains déformées par la maigreur et le dessèchement, qui s’élèvent plaintivement vers le ciel. Cette vision fantomatique est renforcée par la quasi trichromie de l’affiche, qui emprunte ses effets de formes et de lumière au noir et blanc ainsi que l’impression générale de mort glaciale et de folie, à son bleu profond glacial et inquiétant.

Les principales clés de ce classique du film d’épouvante sont en place, il reste à pousser la porte du cinéma pour entrer, si le spectateur l’ose, dans l’univers fantasmagorique de la maison du diable avec Julie Harris, Claire Bloom, Richard Johnson, Russ Tamblyn et Lois Maxwell (connue en particulier pour son rôle de Miss Moneypenny dans James Bond).

L’impasse aux violences

J1128

Réalisé par John Gilling (1960). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette affiche impressionnante, lovée dans une ambiance victorienne nocturne, est signée par l’immense Constantin Belinsky dans son plus pur style à l’efficacité légendaire…

Même si le scénario se déroule dans les années précédentes à la période stricte Victorienne, 1828, on retrouve dans cette illustration plusieurs symboles qui permettent aux visiteurs de situer l’action dans l’Histoire :

  • les chapeaux hauts-de-forme
  • les manteaux et les capes noires accompagnés de gilets colorés
  • la lumière urbaine jaunâtre distribuée par des lampadaires du réseau moderne au gaz de ville, autrement appelés Gaslight, typique de cette époque

La superbe composition très dynamique est basée sur un effet de spirale qui tourne depuis le personnage star central joué par Peter Cushing vers l’extérieur. L’œil presque entièrement fermé du visage du Dr. Robert Knox suscite par cette déformation visuelle, un sentiment de malaise naissant.

Les scènettes représentées autour, font monter crescendo l’ambiance d’épouvante de l’affiche :

  • en commençant par à droite, l’homme en costume retenu par le bras dans la rue par une jeune femme aux cheveux rouges
  • puis la même héroïne bloquée par un homme qui lui obstrue la bouche avec sa main, pour l’empêcher de crier; on lit d’ailleurs la terreur dans ses yeux bleus profonds qui répond au visage effrayant de son agresseur
  • enfin en arrière plan, deux voleurs attaquent un homme dans la rue dont l’un d’entre eux brandit une matraque, qui va soumettre à leur volonté, la vie de leur malheureuse victime

Les couleurs vives caractéristiques de l’affichiste, portent la touche finale de violence et de gravité nécessaire à susciter l’envie du spectateur de plus de 18 ans, d’entrer suivre les aventures de l’impasse aux violences avec June Laverick, Donald Pleasence, Dermot Walsh, Renée Houston, George Rose, Billie Whitelaw, John Cairney et Melvyn Hayes.