Belle actrice

Bonjour tristesse

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Réalisé par Otto Preminger (1958). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche de Bonjour tristesse signée par Kerfyser est à l’image de son titre, énigmatique et troublante.

En effet, que dire de la première impression qui vient au spectateur qui découvre le dessin de deux corps entrelacés au niveau de la chevelure du portrait principal de la composition. Ce visage de jeune femme, éclairé avec une lumière jaune douceâtre, semble transpercé tel un rideau, un fond noir intense et ainsi offrir un contraste saisissant de lumières et de couleurs, entre les éléments de cette peinture douce amère.

Le regard de l’actrice à moitié masqué dans l’ombre de l’éclairage, parait se perdre inquiet dans le lointain, à la recherche de réponse qu’elle ne trouvera peut-être pas. Ces interrogations sont symbolisées par le dessin supérieur qui se place au niveau du cerveau de la jeune femme et qui peut ressembler à un chapeau au premier abord. Mais en observant mieux, on distingue clairement un ciel bleu, deux paires de jambes nues d’un couple que l’on devine homme et femme, sur une plage avec au loin les couleurs blanches caractéristiques des vagues dans l’océan. La partie rouge à franges à gauche que l’on a pris au premier coup d’œil pour un chapeau, apparait maintenant comme un parasol derrière lequel se cache les amoureux des regards indiscrets. Ce procédé narrative avec ces éléments cachés dans cette peinture, fait évidemment penser aux énigmes enfermées dans les images traditionnelles d’Épinal.

L’histoire de ce film sera-t-il lui aussi plein de sentiments cachés et mystérieux qui guettent dans l’ombre afin de tourmenter Deborah Kerr, David Niven, Jean Seberg, Mylène Demongeot, Geoffrey Horne, Walter Chiari et Juliette Gréco.

Elena et les hommes

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Réalisé par Jean Renoir (1956). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Ferracci signe avec cette magnifique affiche, une ode élégante et sublime à la beauté féminine.

La composition est en même temps classique et brillamment originale et sensuelle. Le portrait de Ingrid Bergman occupe toute l’attention du spectateur et subjugue par la finesse de son dessin et la douceur sucrée de ses couleurs qui se montrent à la hauteur de la beauté exquise du sujet. La représentation des habits richement sculptés autour du buste et de la posture de l’actrice, mettent en valeur la beauté élégante et naturelle de la star.

L’atmosphère de volupté qui se dégage, est rehaussée par l’ajout subtil d’accessoires comme la marguerite, pincée délicatement entre deux doigts ou la plume dans les cheveux, qui ponctuent avec grâce la finition de ce chef d’œuvre.

L’autre main d’Ingrid Bergman tient entre ses deux mêmes doigts, trois fils qui animent tels des pantins, trois personnages masculins dessinés en taille réduite, suggérant que l’héroïne de l’histoire les mènent par le bout du nez.

Le fond de l’affiche se pare d’une couleur bleue très pâle, qui offre une touche suave et délicate qui révèle la beauté raffinée de ce dessin. Le titre ainsi que toutes les mentions de cette affiche, sont écrits en noir de façon très sobre et qui par un jeu de variations de police de caractères, introduisent autour de Jean Renoir le réalisateur, les acteurs comme Jean Marais, Mel Ferrer, Jean Richard, Juliette Gréco, Magali Noël et Pierre Bertin.

La reine Margot

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Réalisé par Jean Dréville (1954). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche non signée, de la reine Margot, fleure bon le film historique de capes et d’épées dont elle distille les symboles pour mieux attirer le spectateur.

La composition adopte une construction traditionnelle pour les films en costumes. Tout d’abord, un couple en premier plan installe une histoire d’amour au cœur du propos. Ce dessin très flatteur et romantique de Jeanne Moreau, lui donne un faux air de Olivia de Havilland, en particulier dans la représentation de profil de son regard. L’acteur qui la tient dans ses bras pourrait même ressembler à un Clint Eastwood qui aurait été bien jeune en 1954, mais cela est surtout dû à une implantation de cheveux et à un front très similaires.

Au deuxième plan, on retrouve bien sûr, un combat à l’épée qui oppose un catholique en violet avec une croix dans le dos à un protestant de face en vert.

Au fond, une troupe à cheval se prépare à charger devant une muraille, qui protège un château imposant en arrière plan.

Les couleurs utilisées mettent en affrontement comme dans le duel à l’épée, le violet d’arrière plan avec un vert pomme qui traverse la partie centrale du dessin, illuminée de jaune dans son fond.

Ce drame franco-italien compte parmi ses acteurs une distribution appartenant aux deux nationalités dont Armando francioli, Robert Porte, Henri Genes et Françoise Rosay.

La main gauche du Seigneur

Réalisé par Edward Dmytryk (1955). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette superbe affiche signée par Boris Grinsson est intéressante sur plusieurs points.

Tout d’abord, la composition est constituée de deux parties délimitant la gauche avec le portrait d’Humphrey Bogart et la droite avec un dessin multi-plans. En avant le titre apparait en rouge gras dans un encadré noir. Au second plan, un combat à mains nues oppose Mr Bogart en habit de prêtre, à un chinois enturbanné. Derrière eux, une foule effrayée tente d’échapper en fuyant, à des cavaliers au galop armés de fouet qui viennent de passer sous un portail en bois orné de sinogrammes et de dragons. Enfin le visage de la sublime Giene Tierney domine l’arrière plan et regarde fixement au dessus du spectateur avec un air grave et déterminé.

La richesse des couleurs utilisées permet de donner une vie et une dynamique impressionnante à l’ensemble. Les couleurs chaudes comme le jaune et le rouge sont réservées aux arrières plans et au titre, le noir est dominant dans la partie centrale surtout présent dans la soutane d’Humphrey, et le vert bleu trouve sa place dans le dégradé de la partie basse et dans les mentions du générique.

Enfin, les polices des noms des deux stars du film en haut à gauche, utilisent une technique de coloration peu courante et très réussie, le dégradé. Celui-ci passe du bleu foncé au bleu plus clair de bas en haut mettant ainsi en valeur la participation des deux vedettes par rapport aux nombreuses autres couleurs de l’affiche.

Lee J. Cobb et Agnes Moorehead apparaissent en bas à gauche et complètent la distribution du film.

Son seul amour

Réalisé par Jerry Hopper (1955). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche de Son seul amour est une beauté de volupté signée par Xarrié.

Dans une ambiance chaude et lumineuse qui emprunte au jaune sa couleur Or, le très beau visage d’Anne Baxter se blottit dans les bras de l’impeccable Rock Hudson. On remarque ainsi la précision donnée aux détails de la chevelure des deux stars et les contrastes nuancés mais visuellement accrocheurs, des couleurs des lèvres ou des yeux des personnages.

Un deuxième duo est représenté par l’artiste en bas à droite, qui pourrait mettre à l’honneur en tenue élégante et parure de bijoux, deux actrices présentent également au casting que sont Julie Adams et Natalie Wood. Comme pour le dessin principal, la couleur rose pastelle de la peau se marie à merveille avec les tons de jaune des vêtements et du marron des cheveux ou des ombres des chevelures dorées.

On peut noter la présence au générique de Carl Bento Reid et William Hopper, dont les noms sont imprimés en couleur taupe au dessous du titre rouge profond.

Celle de nulle part

Réalisé par David Miller (1950). Toutes les informations sur ce film sur imdb

La très belle composition de l’affiche de ce film est signée par l’orfèvre des portraits, Roger Soubie.

Les trois visages des vedettes de ce drame, Ann Blyth, Farley Granger et Joan Evans, sont dessinés sur trois plans dynamiques aux volumes différents. L’homme à la cravate à gauche est de taille moyenne par rapport à l’actrice blonde du second plan et encore plus petit par rapport à l’actrice mise en valeur en haut à droite. Cette dernière est représentée dans une position lascive nous permettant de savourer la beauté de ses cheveux ondulés, baignés par une lumière de studio qui illumine de sa chaleur de projecteur, sa peau de star de cinéma ainsi que ses yeux bleus magnifiques qui fixent le spectateur.

Le titre est écrit en rouge dans une police longiligne qui traverse l’affiche de gauche à droite et annonce en dessous la liste des acteurs de la distribution dont en premier lieu les trois stars en couleur framboise puis Jane Wyatt, Ann Dvorak, Donald Cook et Natalie Wood en couleur bleue.

À main armée

Réalisé par Jack Lee (1957). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette magnifique affiche « avis de recherche » est signée par Jean Mascii.

La composition se construit autour d’une spirale visuelle dont le point de départ est l’en-tête de l’avis de recherche imprimée sur une affiche placardée, cornée en son coin.

Ensuite, quatre cowboys l’arme à la main, sont représentés en extérieur à côté d’une diligence à l’arrêt, dont on aperçoit notamment le toit et une roue. Au dessous, le titre exécuté avec une police de caractère grasse et jaune vif, est mis en valeur grâce un fort contraste avec le fond noir.

A suivre visuellement, la partie droite est entièrement occupée par le portrait en hauteur de l’acteur principal habillé en cowboy chapeauté. La précision des traits du dessin est supportée par l’utilisation de couleurs à fort contraste, pour représenter les ombres d’une scène à la lumière tamisée. L’attitude inquiétante du visage de l’acteur est centrée sur son regard perçant et grave qui fixe l’attention du spectateur.

En point de fuite, le portrait en haut à gauche d’une superbe femme à la longue chevelure brune, achève la composition et évoque un élément probable du scénario touchant à une histoire d’amour. Il est à noter que tous les personnages représentés sur cette affiche, regardent intensément dans la direction du spectateur comme pour lui indiquer qu’il est surveillé.

On retrouve ainsi quelques thématiques traditionnelles du Western comme l’argent, les combats armés et le désir amoureux incarnés en costume par Peter Finch, Ronald Lewis, Laurence Naismith, Maureen Swanson, David McCallum, Jill Ireland, Jean Anderson et Vincent Ball.

Quatre du Texas

Réalisé par Robert Aldrich (1963). Toutes les informations sur ce film sur imdb

La très belle affiche italienne de cette comédie dans l’univers du Western, est signée par l’affichiste transalpin Ciriello.

La composition est articulée autour de trois plans, et met en scène les quatre personnages et acteurs principaux :

  • Frank Sinatra, the Voice and the Image in motion 😉 avec un beau gilet bien coloré
  • Dean Martin, un de ses collègues du Rat Pack dans la vraie vie, qui est beaucoup plus sobre que Franky …. dans l’habillement tout du moins 🙂
  • Anita Ekberg, avec le chapeau, au deuxième plan avec Deany
  • la sublime Ursula Andress en tenue légère à souhait, certainement en train de s’aérer en tenue légère dans l’encadrement de la porte, au dernier plan ,à cause d’une chaleur trop importante 😉

Ces quatre personnages nous donnent envie de les suivre dans cette aventure et de mieux les connaître.

Enfin il ne faut pas oublier au générique, Charles Bronson et Victor Buono qui bien évidemment ne doivent pas démériter le moins du monde.

L’étrange créature du lac noir

Réalisé par Jack Arnold (1954). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette affiche signée Constantin Belinsky, est une ressortie pour ce film fantastique mythique de la société de production américaine Universal.

La scène reconstituée par l’affichiste se déroule à l’entrée de la grotte refuge de la créature. L’extérieur se trouve au fond de la composition et le ciel bleu se découpe entre les parois rocheuses, qui s’illuminent grâce à des couleurs chaudes rouge et jaune.

La hauteur d’eau du lac est d’à peu près un mètre à cet endroit et occupe ainsi la moitié inférieure de l’affiche, en laissant admirer quelques poissons jaunes et violets ainsi que des algues elles aussi de couleurs violacées.

A gauche, le monstre mi-homme mi-poisson, représenté de profil, lève juste ses bras-nageoires dégoulinants et se prépare à saisir sa proie.

A droite, la jeune femme en maillot de bain blanc, regarde son agresseur en criant et se colle contre la roche comme pour s’échapper. L’effet de profondeur dirigé vers elle, accentue la taille de son assaillant et diminue la sienne dans le même mouvement, afin de suggérer une plus grande disproportion entre les deux personnages.

Le titre renforce l’ambiance aquatique en se parant d’un effet tremblant qui rappelle les ondes que se propagent à la surface de l’eau. La première ligne prend une couleur jaune soleil et la deuxième adopte un blanc éclatant, qui contraste avec le noir des profondeurs du lac du même nom.

Les acteurs principaux de ce must de la série B des années 50s sont :

  • Richard Carlson
  • Julia Adams
  • Richard Denning
  • Antonio Moreno

L’étrange créature du lac noir

Réalisé par Jack Arnold (1954). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Le style de cette affichette est très original, dans son utilisation d’un dessin naïf et de couleurs particulièrement adaptées au milieu subaquatique.

La composition apparait simpliste voir même primitive, rejoignant ainsi l’idée principale du film construit autour d’un monstre habitant ce lac mystérieux depuis des temps immémoriaux. La position de la créature en haut à gauche, parait aujourd’hui risible, avec en particulier les bras écartés façon « Bouh je vais te faire peur!!! », mais sa représentation est tout à fait fidèle au spécimen du film.

La scène qui a servi de modèle à cette affichette, est celle d’une plongée de recherche effectuée par toute l’équipe de l’expédition. La séduisante ingénue en maillot de bain blanc, tant convoitée par l’homme poisson au travers de son regard perçant et sa gueule ouverte, attire aussi l’oeil du spectateur en bas de la composition. Le choix délibéré de ne pas lui imposer de matériel de plongée malgré son activité, ne s’explique que par l’intérêt subtile que sa plastique naturelle va susciter chez le spectateur.

En effet il n’y a rien de tel que la plongée d’une jeune et belle victime en liberté, dans un lac sombre rempli d’herbes multicolores et de poissons bipèdes humanoïdes 😉

Cette affichette n’est pas signée mais peut-être attribuée par analogie de style, à Constantin Belinsky. Ce dernier signe d’ailleurs le grand format du même titre.

Cette aventure servie par Richard Carlson, Julia Adams, Richard Denning et Antonio Moreno, a la saveur des films de SF des années 50’s, que l’on consomme avec des yeux enfants. Notre imagination se perd comme l’héroïne, dans ce lac aussi noir que la nuit de nos cauchemars. Ce théâtre naturel millénaire perdu au milieu de la jungle, ne renferme pas que de gentils petits poissons mais aussi de terribles habitants oubliés de tous.

Le bal des vampires

Réalisé par Roman Polanski (1967). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche italienne grand format de ce film, part du dessin et de la composition classique de Frank Frazetta mais prend quelques libertés par rapport au modèle original.

En effet le dessin de la poursuite finale en cercueil, est beaucoup moins précis et comporte énormément de différences, tant au niveau des traits qu’au niveau des couleurs. Néanmoins l’esprit général reste le même et le message parodique est plus que jamais présent.

La vraie singularité de l’affiche se trouve dans la scène principale de l’étreinte dans la baignoire. Le dessin est fidèle au modèle initial et la doublure de la cape est bien rouge sang. Mais si on regarde attentivement on s’aperçoit que l’expression du visage de Sharone Tate   a été complètement modifié 🙂 En effet sur ce visuel elle sourit et ne semble pas effrayée comme sur les autres affiches (comparer avec le visuel espagnol par exemple). Ainsi, le message de l’affiche s’en trouve radicalement changé et l’on passe de la victime horrifiée à la victime amusée voir consentante.

On peut ainsi multiplier les libertés prises par l’affichiste sur ce titre comme le dessin du cercueil et les motifs de la baignoire. Je laisse le soin à chacun de jouer à ce jeu enfantin avant de replonger dans l’histoire de cet excellent film, que l’on ne présente plus, avec les non moins brillants Roman Polanski, Jack MacGowran, Alfie Bass et Ferdy Mayne.

Le bal des vampires

Réalisé par Roman Polanski (1967). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Ce visuel de l’affiche espagnole (ressortie) est le plus courant pour ce titre : el baile de los vampiros 🙂

En effet, on retrouve sur les affiches de beaucoup de pays, cette composition en duo qui comprend :

  • en haut, la scène culte de l’enlèvement sauvage de la sublime Sharone Tate dans sa baignoire par l’ignoble Ferdy Mayne qui ravage l’aubergiste père de la victime Alfie Bass, attire en premier l’attention et donne le ton horrifique du film
  • en bas venant du château en fond, la farandole effrénée et excentrique, menée par le groupe d’échappés : Roman Polanski, sa promise et Jack MacGowran, amène la touche parodique de l’histoire

Le détail qui donne toute son originalité à cette affiche par rapport à celles avec le même visuel, se trouve dans la couleur de la doublure de la cape du vampire.

En effet sur la plupart des affiches elle est rouge sang, alors que sur l’affiche espagnole, Frank Frazetta décide de lui donner une couleur jaune partagée avec le titre. Cela n’a sans doute aucun rapport avec le drapeau espagnol, ainsi le mystère reste entier de ce choix singulier 😉