Mystère

Le grand blond avec une chaussure noire

1868

Réalisé par Yves Robert (1972). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette affiche très colorée pour ce film qui ne l’est pas moins, est signée dans son style très reconnaissable et singulier par Hervé Morvan.

La première impression est donnée par le fond de l’affiche qui est rouge vif donc qui attire inévitablement l’attention et met en valeur tous les autres éléments peints avec des couleurs accrocheuses entre elles comme le blanc et le noir.

On remarque ensuite la silhouette de Pierre Richard qui se détache en jaune blond, qui transporte sous son bras la fameuse chaussure noire démesurément grande. Le soulier est en effet de taille à recevoir visuellement trois personnages dont on voit les bras sortir de la pompe derrière le héros avec des jumelles, un pistolet et un appareil photo.

Dernier détail insolite, les yeux de la chaussure qui reçoivent traditionnellement des lacets, sont de véritables yeux humains qui espionnent le personnage principal, thématique qui est au cœur du scénario de cette excellente comédie au casting exquis composé de Bernard Blier, Jean Rochefort, Mireille Darc, Colette Castel, Jean Obé, Robert Castel, Jean Saudrai, Roger Caccia,Maurice Barrier, Robert Dalban, Paul Le Person et Jean Carmet.

Constance aux enfers

J1392

Réalisé par François Villiers (1964). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affichette de cette coproduction franco-espagnole Constance aux enfers est signée par B. Bouy.

Ce montage de photos en noir et blanc des trois acteurs principaux, se fond dans un décor bleu profond peint par l’affichiste, pour mettre en valeur les protagonistes de cette histoire.

Michèle Morgan est bien sûr la vedette de la distribution et illumine de son regard perçant et limpide la composition, en attirant le regard du spectateur. La position de Simón Andreu lové tendrement dans ses bras, met en avant la star du film et évoque une romance entre les deux personnages à découvrir tout au long du scénario.

Enfin, Dany Saval apparait en bas à gauche et fixe le spectateur droit dans les yeux. Elle semble passer la tête dans l’encadrement d’une porte – qui correspond aussi au cadre de l’affichette – qu’elle pousse de sa main. Son attitude interruptive dans la scène, donne l’indication au spectateur que son personnage va probablement venir semer le trouble dans les affaires d’autrui – peut-être même du couple- et ainsi compliquer les plans des autres personnages interprétés par Maria Pacôme, George Rigaud – orthographié Georges avec un s – et Claude Rich.

La mention originale ne racontez pas la fin à vos amis placée en bas et accompagnée d’un élégant et naïf visuel d’index qui couvre une bouche afin de se taire. Silence on tourne !

Histoires extraordinaires

1920

Réalisé par Federico Fellini, Louis Malle et Roger Vadim (1968). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche du film Histoires extraordinaires, magnifique et haute en couleurs, est signée par Allard dans son style propre si reconnaissable.

Cette affiche se construit autour du titre du film et de la référence à Edgar Allan Poe, inclus dans un cartouche central aux contours évanescents de style art nouveau.

Sur une colonne centrale sur fond clair, la distribution des acteurs, les réalisateurs puis les autres mentions cinématographiques, induisent une limite imaginaire entre les personnages joués par Brigitte Bardot, Alain Delon et Terence Stamp représentés sur la gauche et celui interprété par Jane Fonda isolé dans la partie droite.

L’arrière plan de l’affiche très coloré et peint en matière brute, est torturé et agressif par l’utilisation bien à propos de rouges vifs, de jaunes or ainsi que de bleus profonds qui donnent une impression visuelle forte. La richesse des toilettes de ces dames ainsi que la beauté des acteurs, apportent une esthétique tout à fait remarquable à cette représentation intrigante et pleine d’attraits qui invite le spectateur à pousser les portes du cinéma.

Françoise Prevost, James Robertson Justice, Peter Fonda, Carla Marlier, Philippe Lemaire et Serge Marquand sont aussi crédités sur cette affiche, tout aussi extraordinaire que les histoires qui y seront contées.

Le vampire et le sang des vierges

1894

Réalisé par Harald Reinl (1967). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette affichette, qui respire la quiétude d’un lieu chaleureux, rempli de personnages sympathiques dans une ambiance qui mêle recueillement méditatif et sentiments courtois, est signée par l’affichiste bien inspiré Savkoff.

Ce montage photos habile, dépeint les us et coutumes locales d’un modeste donjon tenu par un vampire animé des meilleures attentions vis à vis de son prochain, et en particulier vis à vis de sa prochaine, pourvu qu’elle soit jeune, belle et sexuellement inexpérimentée voir novice… On notera l’extrême délicatesse avec laquelle les dites demoiselles invitées sont installées sur des mobiliers des plus confortables et gracieux, qui font oublier la pauvreté et la froideur de la décoration des murs de la pièce.

Il y a bien par-ci par-là des accessoires affriolants, comme une chaine métallique qui pend gentiment au-dessus d’une table de repas en bois ou bien encore un masque rigolard apporté par un majordome serviable et endimanché, mais la thématique de la soirée reste simple et bon enfant, grâce notamment à l’utilisation de cordes nouées autour de frêles poignets délicats et de lanières en cuir qui entravent avec respect et goût, les mouvements délicieux et aériens de ces hôtes de marque réunis dans cette salle de réjouissance.

L’emploi du rouge sur certaines parties choisies des photos et dans les caractères qui forment le titre, indique bien aux spectateurs, enclins à classer au premier regard cette invitation mondaine et galante dans les soirées huppées proposées par le châtelain, qu’il faut un certain penchant pour les histoires de canines longues et acérées assoiffées de globules rouges et de plasma, pour répondre positivement à cette sollicitation – et avoir plus de 13 ans, il en va de la bienséance 😉

Laissons maintenant les acteurs de cette soirée que l’on souhaite réussie, Christopher Lee (écrit Christofer Lee), Lex Baxter, Karin Dor et Carl Lange, œuvrer avec les meilleures manières à l’excellence des réceptions de l’ambassadeur des bonnes manières.

6 Femmes pour l’assassin

J1214

Réalisé par Mario Bava (1964). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche française de 6 femmes pour l’assassin est un chef d’œuvre de représentation imagée du genre horrifique dans les griffes du maître Constantin Belinsky.

Le premier élément immersif dans cette ambiance maléfique, est la couleur noire. Elle enveloppe de ses ténèbres, l’arrière plan composé de la pénombre du ciel et au premier plan, par les fourrés plongés dans la nuit. Ceux-ci servent de fond pour l’écriture du titre et cachent bien timidement, comme par pudeur, la moitié supérieure du corps de la femme en robe rouge. Les superbes jambes de cette jeune victime supposée – car être trainée sur le dos en pleine nuit par les chevilles sur un gazon en plein air, ne devait pas faire partie du programme de la soirée du personnage, bien que tous les goûts soient dans la nature bien sûr 😉 – sont entravées par la main gantée de noire du tueur – tueur supposé encore grâce à son attitude générale qui n’inspire par la bienveillance au premier abord, peut-être un délit de sale gueule mais bon à chacun ses hobbies ! – qui focalise l’attention du spectateur.

Cet assassin est habillé du même noir que la nuit qui l’enveloppe comme si lui-même en faisait partie, et une lumière faible bleutée, dessine les contours de sa silhouette maléfique. La scène est plongée dans cette ambiance esthétique froide, baignée par la lumière blafarde de l’astre lunaire au double rôle de témoin et de révélateur aux premières loges. Deux détails dans le signalement du meurtrier, attirent l’attention du spectateur médusé, son visage est masqué par une cagoule blanche et surmonté d’un chapeau étroit, et sa main droite est pourvue d’un accessoire de mort terrifiant, composé de trois griffes menaçantes qui luisent dans un halo blanc comme pour mieux signifier la cruauté de l’arme du crime.

Les deux typographies du titre achèvent de donner aux visiteurs l’envie ou la répulsion curieuse, d’aller découvrir cette histoire mystérieuse et horrifique servie par Eva Bartok, Cameron Mitchell, Thomas Reiner, Claude Dantes et Dante Di Paolo.

Chut, chut, chère Charlotte

1715

Réalisé par Robert Aldrich (1964). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’ambiance ténébreuse et électrique de cette affiche plonge le spectateur au cœur de ce thriller mystérieux et sombre.

Cette composition signée par Boris Grinsson, met en scène l’apparition d’une jeune femme en robe de soirée face à un homme qui nous tourne le dos. Les deux personnages sont en contre-jour, positionnés au centre de l’affiche et se détachent sur un fond rouge sang irrégulier sur les bords, qui se termine en gouttelettes étirées.

Les visages des deux stars féminines Bette Davis et Olivia de Havilland surplombent la scène et suscitent une curiosité inquiétante au croisement notamment du regard troublant de Mme Davis. Derrière elles, se déchainent les éléments naturels dans un ciel où les nuages noirs comme la nuit, défient les nuages blancs déchirés par des éclairs ,et annoncent une période de troubles.

Le dernier élément anxiogène est la main flottante à droite qui semble lancer la foudre telle une malédiction, à l’encontre des héroïnes.

La distribution de ce film qui compte Joseph Cotten, Agnes Moorehead, Cecil Kellaway, William Campbell, Victor Buono et Mary Astor, fait apparaître aussi une faute de frappe pour l’anecdote dans la recopie du même nom Henry Farrell comme scénariste et d’après une histoire de, avec un seul « r » dans la première apparition.

Matango

J1308

Réalisé par Ishirô Honda (1963). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette affiche italienne au format locandina signée par Casaro, est exceptionnelle par bien des aspects et se distingue par l’accord parfait entre l’ambiance végétale du dessin et les traces d’humidité et de moisissure d’origine de l’objet, laissées délibérément en l’état infecter les parties blanches.

Matango écrit en rouge vif est sous-titré Il mostro qui, même sans grande notion d’italien, caractérise certainement la beauté et la tendresse du personnage principal, fort banal de l’histoire. Son corps à l’allure humanoïde est recouvert d’une peau de champignons aux couleurs sombres indéfinies et est coiffé d’une tête en forme de cèpe géant verdâtre peu appétissant en l’état.

Il tient dans ses bras, terminées par des mains à au moins quatre doigts visibles, une délicieuse victime humaine à la plastique beaucoup plus travaillée qu’un champs de mousserons. La belle blonde est affublée d’une magnifique robe rouge, tenez encore du rouge !, qui devait être fort saillante avant qu’elle subisse des traitements si indélicats que son aspect ne puisse maintenant plus que couvrir les parties les plus réduites de sa peau frissonnante. Sa position corporelle dans les griffes, ou lamelles en l’occurrence, de la bête mycologique nous suggère en même temps son désir de s’enfuir pour échapper à un triste sort assuré, et l’attitude cinématographique classique lascive de l’héroïne sexy qui va attirer les foules masculines vers ce film de genre. On peut ainsi rapprocher ce visuel d’autres dans le même esprit comme Schlock, Dans les griffes de la momie ou Dunwich horror, mais aussi Les monstres de la mer et Dracula 73.

Il faut bien dire que l’environnement végétal qui entoure ce couple improbable vire au fantastique en particulier avec le bas évanescent du dessin et n’augure par son obscurité, rien de positif pour l’avenir de la jeune demoiselle. Il faut souhaiter bonne chasse dans les bois à Hiroschi Koizumi, Kumi Mizuno, Akira Kubo et Kei Satik.

Le chien des Baskerville

J1399

Réalisé par Terence Fisher (1959). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Il fallait une affiche aussi terrifiante que fascinante pour ce classique Chien des Baskerville de la Hammer : le visuel belge l’a fait !

  Le choix très judicieux de l’affichiste, qui n’a hélas pas signé son œuvre comme souvent pour les affiches belges, est de construire sa composition autour d’un effet miroir entre deux personnages primordiaux du film que sont le chien de l’enfer et la jeune paysanne. Cette figure de style permet de montrer le monstre, clef de l’intrigue comme souvent dans les visuels des autres pays comme l’affichette française, mais aussi de lui confronter en miroir inversé, le personnage énigmatique de la jeune fille par qui le scandale arrive. Cette opposition tout en contrastes de beauté, terreur et violence, pétrification, interroge le spectateur sur la dualité de la belle et la bête qui s’exprime dans ce dessin et dans l’intrigue du film.

Les éléments représentés suivent une colonne centrale constituée :

  • d’un pilastre fait des deux portraits en parfait alignement inversé, en particulier sur les yeux de la bête dont sortent des rayons lumineux menaçants et la gueule du chien de la malédiction, qui dégouline de rage vers le visage apeuré de la jeune femme, dont la bouche est figée par la terreur sans pouvoir crier et dont les yeux sont pétrifiés d’effroi
  • d’un chapiteau supérieur qui tel un bas relief, fige les ruines de l’abbaye, l’ombre humaine inquiétante en cape noire qui se détache sur le sommet de la colline et la paysanne qui court à travers la lande
  • d’une base sombre de marécages d’où s’élève Sherlock Holmes en train de frapper un deuxième homme qui se débat à ses jambes

De chaque côté de cette partie centrale, se trouve l’eau stagnante des bourbiers de la lande, peints d’une couleur verte aquarelle qui caractérise à merveille l’ambiance froide et humide de ce milieu inhospitalier et morbide. Cette couleur verte est alors tout naturellement utilisée exclusivement dans l’intégralité de l’affiche, ne laissant que le noir et le blanc pour dessiner les traits et définir les surfaces.

La typographie du titre utilise aussi la même couleur dominante en appuyant les deux mots clefs par un effet gras de lettrage. Le bandeau en flamand du bas est écrit en noir comme les acteurs du casting Peter Cushing, Andre Morell, Christopher Lee et Maria Landi, auquel on peut ajouter : David Oxley et Miles Malleson.

The Thing

Réalisé par John Carpenter (1982). Toutes les informations sur ce film sur imdb

L’affiche non signée de ce film possède la particularité de ne représenter qu’une partie indescriptible du personnage principal : l’extraterrestre.

En effet, un morceau indéfini de « la Chose » se détache dans un ciel nocturne nimbé d’une faible lueur rouge sang. Cette menace plane au dessus d’un groupe d’humains en marche sur un sol enneigé. La taille du monstre est écrasante par rapport aux minuscules silhouettes des terriens, interprétés par Kurt Russell, Wilford Brimley and Keith David. Cette disproportion symbolise la puissance surdimensionnée de l’envahisseur qui induit une vulnérabilité extrême des humains face à ce fléau. Cette composition ne montre rien de l’affrontement inégal qui va survenir, mais suggère que le danger venant de l’espace est tapi dans l’ombre et attend son heure…

Soleil vert

Réalisé par Richard Fleischer (1973). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Le visuel de cette affiche signée par John Solie, est repris dans de nombreux pays et adapté au style local.

Dans notre cas, le dessin très impressionnant de la scène de la répression de l’émeute des habitants affamés, prend toute la place disponible et attire notre attention. Ce dessin accentue l’effet de la foule qui devient immense (plus nombreuse que dans le film) comprimée dans de grandes rues bondées par les mâchoires que sont les immeubles massifs.

Tous les éléments apparaissent immenses et en premier lieu les tractopelles qui ressemblent à des monstres gigantesques qui prennent dans leurs griffes, les minuscules pantins humains.

L’impression globale est oppressante et met mal à l’aise le visiteur allant même jusqu’à le bousculer en détournant les codes urbains du béton trop présent, des buildings inhumains et de la foule entassée comme du bétail, pour suggérer le dérapage et finalement l’horreur.

Ce film beaucoup plus politique que fantastique, nous plonge dans un futur, que l’on pourrait qualifié de peu romancé les jours de cafard, et nous émeut parce qu’il touche nos idéaux de société déchus et nous mène jusqu’à l’horreur des excès de l’humanité.

Les témoins impuissants et les victimes des dérapages d’un tel système que l’on appréhende trop bien, sont les excellents comédiens :

  • Charlton Heston
  • Leigh Taylor-Young
  • Chuck Connors
  • Joseph Cotten
  • Brock Peters
  • Paula Kelly
  • Edward G. Robinson
  • Roy Jenson

Une affiche de ressortie se trouve ci-dessous :

La fille de Dracula

Réalisé par Jesús Franco (1972). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Cette affichette non signée est un montage photo noir et blanc, qui met en scène une jeune femme effrayée par une menace tapie derrière la caméra, à la place du spectateur.

La mise au point est faite sur le visage de l’actrice et le reste de l’image, dont son cou, est plus flou. La couleur rouge apporte une dynamique à la composition en donnant du relief à cette photo. Le rouge sang est présent deux fois :

  • la première fois, en bandeau de fond du titre en bas
  • la seconde fois, par le sang s’échappant du cou de la protagoniste

Pour cette production modeste, la présence du nom Dracula représente un gage de célébrité et attire le spectateur autour d’un thème classique du genre. Cela suffira-t-il au public pour se précipiter avidement dans les salles pour suivre cette histoire interprétée par Howard Vernon, Britt Nichols, Anne Libert et Albert Dalbes ?

Le chien des Baskerville

Réalisé par Terence Fisher (1959). Toutes les informations sur ce film sur imdb

Le classique roman de Sir Arthur Conan Doyle fut adapté de nombreuses fois, mais une des versions les plus marquantes, fut celle produite par la Hammer qui réunit le duo de stars de la firme anglaise : Christopher Lee est Sir Henry et Peter Cushing campe avec brio le rôle de Sherlock Holmes.

L’affichette devait être à la hauteur du succès du film et c’est Roger Soubie qui signe ce superbe dessin pour son unique titre des productions Hammer.

Dans le décor de la Lande, une silhouette noire se tient près de l’ancienne abbaye en ruine. Le chien de l’enfer surplombe la scène et montre les crocs de la vengeance. Son pelage est nimbé de rouge sang, symbolisant sa violence, et ses yeux lumineux envoient des rayons jaunes marquants le caractère implacable de son châtiment.

La jeune paysanne s’enfuie de cette scène de ténèbres en direction des deux stars en premier plan à droite. Sur le visage de Sir Henry on lit la peur et la stupéfaction en opposition à celui du plus célèbre détective anglais, qui est serein et déterminé à résoudre cette énigme très mystérieuse.

Au générique on retrouve d’autres acteurs récurrents de la Hammer : André Morell, Marla Landi, David Oxley et Miles Malleson.